Les prédécesseuses de Kamala Harris (4/4)

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Les prédécesseuses de Kamala Harris (4/4)
Hillary and the series

Le fantasme d’une candidature d’Hillary Clinton existe bien au-delà des cercles restreints des journalistes et des fonctionnaires de Washington DC. Ces rumeurs ont en fait commencé dès 1992, lors de la première campagne de Bill Clinton. Dans un article du Washington Post de l’époque, relatant un voyage du candidat Bill Clinton en Caroline du Sud, le journaliste Loyd Grove retranscrivait une anecdote apparemment anodine : des électeurs et électrices potentiel·le·s de Bill Clinton disaient souvent à Hillary qu’ils et elles préfèreraient voter pour elle, ce à quoi elle répondait : « If you vote for him, you get me. » « Si vous votez pour lui, vous m’aurez moi. ». Et ce n’était pas juste une bonne formule… mais un réel avertissement.

Après avoir été première dame puis sénatrice des États-Unis, elle se lança dans la course à la présidentielle en janvier 2007.

Extraits de la déclaration de campagne d’Hillary Clinton, le 20 janvier 2007

La première fois que l’on a vu une représentation d’Hillary Clinton dans une fiction audiovisuelle, c’était dans Sliders : Les Mondes parallèles. Cette série de science-fiction, un genre très à la mode à l’époque, met en scène un groupe de personnes qui voyagent dans le temps et les univers parallèles. Dans le huitième épisode de la première saison, intitulé assez clairement « Un monde au féminin » et diffusé le 3 mai 1995, les quatre voyageurs spatio-temporels atterrissent sur une version alternative de la Terre où les rôles genrés sont inversés : les femmes ont pris le pouvoir à tous les niveaux de la société, notamment dans la sphère politique. C’est donc tout naturellement que la présidente dans ce monde alternatif n’est autre qu’Hillary Clinton.

Extrait de la série Sliders : les mondes parallèles S01E08

Tout au long de la campagne pour l’investiture démocrate d’Hillary Clinton, entre janvier 2007 et l’été 2008, aucun·e scénariste ne s’aventura à inclure un personnage de présidente des États-Unis dans une fiction audiovisuelle, certainement par peur d’être accusé, comme d’autres en leur temps, de faire de la publicité gratuite à la désormais candidate, mais aussi – il faut le souligner – car cette période a aussi été marquée par une grève des scénaristes qui a paralysé Hollywood et la télévision américaine entre novembre 2007 et février 2008, et qui a eu des conséquences pendant de long mois.

24 (24h chrono en français), fait justement partie des séries les plus touchées par cette grève. Sa septième saison dont la diffusion devait commencer en janvier 2008, fut tout simplement reportée d’un an. En novembre 2008, quelques jours après l’élection de Barack Obama, c’est donc un téléfilm inédit qui fut proposé aux téléspectateurs et téléspectatrices en avant-goût de la saison suivante. 24: Redemption, c’est son nom, est, comme le reste de la série, surtout centré sur les aventures de l’agent Jack Bauer dans sa lutte contre les terroristes qui menacent l’Amérique… mais le fil rouge du téléfilm concerne directement notre sujet. En effet, l’action de 24: Redemption se déroule le jour de l’investiture de la présidente Allison Taylor, chargée de gérer avec son prédécesseur un coup d’État au Sangala, un pays fictif d’Afrique de l’Ouest. La série, qui avait déjà mis en scène un président noir, David Palmer, dès 2002, soit 6 ans avant Barack Obama dans le monde réel, met donc en scène une femme à la tête des États-Unis. C’est plus précisément à la fin du téléfilm qu’Allison Taylor prête serment, et devient donc la première présidente des États-Unis.

Extrait du téléfilm 24: Redemption

Political Animals est une mini-série en 6 épisodes diffusée lors de l’été 2012 sur la chaine câblée USA Network. Elle raconte l’histoire d’Elaine Barrish, une ancienne Première Dame, candidate malheureuse à l’investiture présidentielle, interprétée par une star de cinéma : Sigourney Weaver.

Après sa défaite, Elaine Barrish devient Secrétaire d’État… cela ne vous rappelle pas quelqu’un ? On peut déjà jouer au jeu des différences entre Hillary Clinton et Elaine Barrish… puisqu’en plus des trois caractéristiques citées, les deux ont également en commun d’avoir fait des études de droit et d’avoir été l’épouse d’un Président des États-Unis reconnu comme volage, c’est peu de le dire. Seuls trois points, plus ou moins importants, semblent différencier Hillary Clinton d’Elaine Barrish : si la première a commencé sa carrière politique en étant sénatrice, la seconde a été Gouverneure d’État ; deuxième point, Hillary Clinton a une fille unique quand Elaine Barrish a deux fils jumeaux ; et troisième point, la différence la plus importante peut-être, si Hillary Clinton est restée mariée après la révélation des infidélités de son mari, Elaine Barrish a divorcé… et a repris son nom de jeune fille pour la suite de sa carrière politique.

Extrait de la mini-série Political Animals S01E01

Quand apparait la série Madam Secretary à l’automne 2014, Hillary Clinton est une simple citoyenne, ex-sénatrice et ex-Secrétaire d’État, un terme qui désigne la ministre des affaires étrangères aux Etats-Unis. Elle est sans mandat ni fonction exécutive depuis février 2013. Mais, les rumeurs sur une nouvelle candidature pour 2016 se font de plus en plus insistantes… ce qui ravive les représentations de l’ascension politique de femmes américaines.

Madam Secretary, c’est l’histoire d’Elizabeth McCord une professeure de sciences politiques à l’Université de Virginie, qui devient Secrétaire d’État, après que l’ancien se soit tué dans un crash d’avion.

Comme beaucoup de femmes politiques fictionnelles avant elle, Elizabeth McCord va parfois se trouver dans des situations absolument invraisemblables… comme dans le premier épisode de la deuxième saison, quand elle devient – pour un temps – présidente par intérim. Mais, comment est-ce possible, me direz-vous, puisque si vous avez bien suivi… elle était Secrétaire d’État, et donc, 4ème dans l’ordre de succession du président. Cela voudrait dire, que le président est empêché, et que les 3 autres successeurs le sont aussi ? Et bien oui… Écoutez plutôt : Air Force One, l’avion du président, a disparu des radars, il faut donc remplacer le président. Mais le vice-président a fait un malaise et doit subir une opération d’urgence. Le président de la chambre des représentants est également à bord d’Air Force One. Et le président du Sénat, qui a subi une attaque cérébrale quelques mois plus tôt, n’a visiblement plus toute sa tête. C’est grâce à cette invraisemblable réaction en chaine qu’Elizabeth McCord devient donc présidente par interim…

Extrait de la série Madam Secretary S02E01

Même si des fictions audiovisuelles ont imaginé une femme à la présidence des Etats-Unis bien avant qu’Hillary Clinton soit en position de le devenir, sa carrière politique a pu influencer la croissance exponentielle des représentations de ce type de personnage. On peut en dire de même d’autres femmes politiques américaines de premier plan de ces 15 dernières années, quelle que soit leur appartenance politique, que ce soit Sarah Palin, candidate à la vice-présidence en 2008 ; Alexandria Ocasio-Cortez, devenue en 2019 à 29 ans la plus jeune femme représentante du congrès ; et donc… Kamala Harris, vice-présidente des États-Unis depuis janvier 2021.

Sarah Palin (née en 1964)

Alexandria Ocasio-Cortez (née en 1989)

Kamala Harris (née en 1964)

Mais rassurez-vous, il reste encore du chemin à parcourir dans les imaginaires des américaines et des américains pour qu’une femme devienne présidente… espérons qu’encore une fois, les fictions seront visionnaires… et qu’elles imagineront des femmes toujours plus haut.

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